mardi 19 mars 2013

Non, je ne zapperai pas!


"Je t'attraperai par ton vagin et je te pendrai. C'est ce que tu mérites". 
Pour ceux qui ont raté la phrase en arabe, c'est littéralement la traduction de la déclaration qui m'a été faite en pleine rue de Rabat et en plein jour. 
Entendre une telle phrase heurte votre "sensibilité"? Trouvez-vous cette expression vulgaire? Si c'est le cas, vous avez raison de réagir, d'être insupportés. Mais attention, ne vous trompez pas de cible. Ne vous attaquez pas à la personne qui vous rapporte ces mots mais à celui qui les a proférés en plein public. Nous devrions souhaiter que cela ne se reproduise plus, et non pas en vouloir aux citoyennes qui rapportent ce qu'elle ont enduré.

Dans chacun de ces commentateurs bien-avisés qui me demandent choqués comment j'ose écrire de telles choses, je vois ce passant et ce spectateur qui assiste à mon agression et à celle de toutes les femmes sans ouvrir la bouche, voire qui sourie devant la scène. Ce même spectateur intervient dès que j'"ose" m'arrêter et interpeller mon agresseur. Ils accourent tous pour me dire: "ne fais pas attention à lui", "continue ta route et fais comme si de rien n'était", "ne lui réponds pas, ça peut mal finir", "tu as l'air d'une fille bien, d'une fille respectable, ne t'abaisses pas à son niveau", "s'il t'agresse, baisse les yeux et accélère le pas". 

C'est à en créer bien des troubles psychologiques! On t'agresse, mais tu dois faire semblant de n'avoir rien entendu, rien ressenti, pire tu dois garder tout ça pour toi. Car si tu le répètes, TU es vulgaire, TU n'es plus respectable. En somme, on reconnaît aux femmes leur droit de circuler dans l'espace publique, mais elles doivent prétendre que les hommes autour d'elles qui les harcèlent sont invisibles. Donc oui Femme, tu as le droit d'être dans la rue, mais tu dois subir les "conséquences" de cette présence en silence!

Or c'est peut-être là une de nos erreurs, nous femmes, c'est de nous être tues à chaque fois que nous subissions de telles agressions. C'est d'être passées à côté comme si de rien n'était, comme si ce n'était qu'une voix imaginaire, une main imaginaire, voire un pénis imaginaire...
Or comment pourrons-nous changer une réalité, si elle n'est qu'imaginaire? N'est ce pas cela même qui dérange au fond les personnes outrées qu'on leur rapporte notre vécu? En racontant ces  violences quotidiennes dans tous leurs détails et en décrivant les conséquences qu'elles ont sur nous, nous rendons visible et réel ces maux. C'est à ce moment seulement qu'il n'est plus possible de les  "zapper".

lundi 18 mars 2013

"نشدّك من طبّونك و نعلقك، هادشي اللي يصلاح لك"

  

يوم الخميس الماضي، وأنا أمشي متجهة إلى محطة القطار الرباط المدينة، قال لي شاب حين مروري أمامه: "نشدّك من طبّونك و نعلقك، هادشي اللي يصلاح لك".



لم نكن لوحدنا، كان هناك رجال آخرون و قد سمعوا ما قيل. توقف قلبي عن النبض، و أحسست ببركان على وشك الإنفجار بذاخلي. التفتت و سألته: "معايا أخويا؟". رأيت باقي الشباب يشاهدون المنظر، يبتسمون، صامتين. "لا ماشي معاك" أجابني بإبتسامة عريضة، و نظراته تخترقني و تعريني من ملابسي .فكرت في القطار الذي كان من اللازم علي ركوبه كي أصل إلى موعدي بالدار البيضاء؛ فاستأنفت طريقي...



لماذا هذا العنف و الكراهية تجاه شخص لا تعرفه، و الذي يمر أمامك في الشارع؟

ما الذي يجعل شابا يتقيأ أفكارا بهذه البشاعة و بكل راحة في الفضاء العام؟ كيف و أين أجد القوة لكي لا أكره هذا الشاب؟ و ما أصعب أن أحاول فهم ما الذي أوصله إلى قول جملة كهذه بدل الرد عليه بنفس العنف و العدوانية! "نشدك من طبّونك و نعلقك، هادشي اللي يصلاح لك." هذه الجملة لا تفارق ذهني، تحدث بداخلي مزيج من الأحاسيس: الاستنكار،الغضب، الخوف، الحزن، الدّوخة! أمضيت ثلاث أيام أفكر في الجملة و معها الصورة التي وصفها لي هذا الشاب: التعلاق من جهازي التناسلي. بحثت على الأنترنيت لعلي أجد معنى لها، و أبحاثا قد تكون تطرقت لهذا الموضوع. حكيت هذه الواقعة لبعض الأصدقاء لعل اخراج هذا السم من ذاخلي قد يجعلي أرتاح. لكن لم ينفع شيء، لا زلت لا أفهم.
لا أفهم كيف حصل هذا التحرش العنيف في وسط مدينة الرباط، أمام الملأ. لا أفهم كيف يمكن لي أن أثق في مجتمع لا يحميني قانونيا من هذا العنف العلني.

لا أفهم